Ce n'est pas pour diriger la création ATTENTION !!! J'ai juste eut envie de googler histoire d'ô. Et j'ai trouvé ce roman de Pauline Réage, veritable pamphlet d'une certaine liberation sexuelle sur wikipedia. J'ai trouvé cela interessant... Pour tout vous dire j'avais autre chose en tête (et je continue d'avoir autre chose en tête au sujet de ce thème...), mais c'est aussi pour ouvrir ce repertoire sur le forum et lancer le numero 10....
Une lettre d'amour
Ce livre est souvent compris par le public comme une sorte de confession ou encore une forme de prosélytisme pour les pratiques sado-masochistes. Il est tout sauf cela. Bien entendu, Histoire d'O est bien un livre érotique, pornographique, et il est même d'une crudité assez rare dans ce registre.
Depuis des années, le bruit courait que Dominique Aury, secrétaire de la Nouvelle Revue française, intellectuelle de haut-vol, ayant tutoyé Borges ou traduit et fait découvrir Fitzgerald, était l'auteur d'Histoire d'O. Peu à peu ça n'a plus été qu'un secret de polichinelle et en 1994, Dominique Aury, âgée de quatre-vingt-six ans, s'est entretenue à ce sujet avec le New Yorker et a expliqué la genèse du récit : amoureuse de Jean Paulhan, elle voulait lui écrire une lettre d'amour en forme de roman : « Je n'étais pas jeune, je n'étais pas jolie. Il me fallait trouver d'autres armes. Le physique n'était pas tout. Les armes étaient aussi dans l'esprit. « Je suis sûr que tu ne peux pas faire ce genre de livres », m'avait-il dit. Eh bien, je peux essayer, ai-je répondu. ». Pauline Réage expliquera aussi s'être avant tout inspirée de fantasmes (non sexuels) qu'elle avait eus enfant.
Commentant le comportement de son héroïne dans Histoire d'O, Pauline Réage dira simplement : « C'est une destruction dans la joie ».
L'ouvrage paraîtra avec une préface de Paulhan, visiblement émerveillé du cadeau : « Enfin une femme qui avoue ! Qui avoue quoi ? Ce dont les femmes se sont de tout temps défendues (mais jamais plus qu'aujourd'hui). Ce que les hommes de tout temps leur reprochaient : qu'elles ne cessent pas d'obéir à leur sang ; que tout est sexe en elles, et jusqu'à l'esprit. Qu'il faudrait sans cesse les nourrir, sans cesse les laver et les farder, sans cesse les battre. Qu'elles ont simplement besoin d'un bon maître, et qui se défie de sa bonté... »
C'est d'ailleurs Paulhan qui avait insisté pour que ce roman, écrit pour lui seul à l'origine, soit publié.
Ce que raconte Histoire d'OHistoire d'O ne raconte en fait pas grand-chose : une jeune femme libre et indépendante (libre sexuellement aussi, pour les années 1950) est emmenée par son amant dans un château, situé à Roissy, où l'on « dresse » les femmes. Elle y devient esclave, de son plein gré. Elle y souffre (elle doit s'accoutumer au fouet) et n'y connaît au fond que peu de plaisirs si ce n'est celui d'appartenir à quelqu'un. C'est dans le donjon de Samois qu'elle est marquée au fer rouge et son sexe percé d'anneaux sur lesquels sont gravées les initiales de son maître.
En fait le roman comporte une part de réalisme oublié aujourd'hui puisqu'à Roissy on pratique un enfermement qui était celui imposé aux pensionnaires des maisons fermées en 1946 à la suite des campagnes de Marthe Richard.
Pris au premier degré et compris avec une grille de lecture des années 2000 (aujourd'hui le sado-masochisme est un type de pratiques sexuelles institutionalisé), il ne s'agit que d'un roman érotique, mais Histoire d'O est aussi un cri, celui d'une personne qui veut appartenir à une autre. Si la référence au sado-masochisme est donc bien présente, ce n'est pas aux pratiques visant à pimenter la vie d'un couple, mais à celles qui sont une quête d'absolu, le don de soi. En ce sens, c'est un très beau livre. Son écriture, froide et concise, en fait un objet d'autant plus fascinant.
Mais lorsque l'auteur dit à son amant « je veux être marquée au fer rouge de tes initiales », sa promesse n'est pas plus un projet que lorsque Jacques Brel promet (ne me quitte pas) : « Moi je t'offrirai - Des perles de pluie - Venues de pays - Où il ne pleut pas ».